(Pour ceux qui ne la connaissent pas Catherine Houseaux est une triathlète spécialisée sur le format longue distance. Elle a débuté le triathlon en 1991 et de son riche palmarès sachez juste qu’elle a terminé 10 fois le célèbre Embrunman avec à la clé 2 victoires.
L’objet de ce témoignage est de revenir avec elle sur la prévention et la gestion des blessures quand on pratique un sport d’endurance, car des blessures, elle en a eu ! Catherine souffre depuis très jeune de troubles thyroïdiens. Une condition qui peut favoriser entre autres un état de fatigue, l’apparition de déséquilibres hormonaux, une fragilité osseuse… Elle a dû composer avec ces « fragilités » pour mener à bien sa passion pour le triathlon longue distance. Un sport qui en plus de regrouper 3 disciplines nécessite un gros volume d’entrainements pour se lancer sur des courses de plus de 10h.

Catherine pourrais-tu me décrire ta pratique du sport et ton investissement ?
« Bien que j’ai eu fait de nombreux sacrifices à une époque, j’ai toujours gardé la notion de plaisir pour avancer sainement, notamment ces trois ou quatre dernières années, tout en restant motivée par la compétition. Par ailleurs je ne suis jamais tombée dans des extrêmes à l’entrainement. Je gardais un volume de 10 à 15h par semaine en moyenne que j’augmentais à 20/25h en période de vacances. C’est bien moins que la plupart des triathlètes mais pour moi c’était suffisant. Je suis parfois impressionnée de voir certains amateurs s’investir autant avec un réel impact au quotidien sur leur vie sociale, familiale et professionnelle.»
Comment faire alors pour ne pas tomber dans l’excès et conserver un bon équilibre de vie ?
« Il y a plusieurs choses à prendre en compte et notamment:
- Inutile d’en faire trop. Il faut privilégier le plaisir et la qualité à la quantité !
- Se rendre à l’évidence, nous sommes tous différents et il faut savoir adapter son investissement à son potentiel (santé) et disponibilités et ne pas vouloir en faire autant qu’un autre.
- Pratiquer pour soi et son plaisir sans se comparer aux autres car ils auront forcément un des objectifs différents, des motivations différentes, une situation de vie différente.
- Et surtout il est important d’avoir d’autres centres d’intérêt. D’une part ça permet de diversifier les activités pour ne pas devenir prisonnier d’un sport, d’autre part ça maintient un bon équilibre de vie quand on doit faire face à une coupure sportive. Si tout tourne autour du triathlon, tout l’équilibre de vie s’écroule en cas d’arrêt forcé. »

Quel a été l’impact de tes blessures tout au long de ta carrière ?
« J’ai toujours eu ce fond de fragilité propice aux blessures. Pratiquer le triathlon longue distance sollicite beaucoup mon corps et même sans m’être acharnée à l’entrainement j’ai régulièrement fait face à des blessures en tout genre. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui j’ai le sentiment de n’avoir jamais pu exploiter pleinement mon potentiel sur une course. Et c’est bien dommage car j’aurais sûrement pu éviter certaines blessures pour réussir à effectuer « une course pleine ».
Il m’est arrivé à plusieurs reprises de me retrouver sur le départ de course sans vraiment être entrainée car je venais tout juste de reprendre. Ou alors je prenais le départ avec encore des stigmates de ma dernière blessure ce qui me limitait dans ma course.
Qui plus est je ne peux pas dire que j’ai été raisonnable dans la prise en charge de ces blessures. J’avais plutôt tendance à vouloir reprendre rapidement et pas toujours avec des reprises bien encadrées ni très progressives. Cela a forcément impacté les durées de convalescence. Sauf que sur le moment, on ne réfléchit pas vraiment car le seul objectif que l’on voit c’est celui d’être en mesure de prendre le départ du prochain objectif, peu importe les moyens. »
Il y a du positif dans tout… Quel enseignement as-tu tiré de ces blessures ?
« C’est toujours plus facile avec le recul. Je dirais que j’ai appris à me connaître et à m’écouter, même si ça a pris du temps. A l’heure où les sports d’endurance nous poussent dans des extrêmes il n’est pas rare que l’athlète puisse oublier que derrière le dépassement de soi se cache un corps en souffrance. A la recherche de la performance on peut se faire très mal. Alors qu’il faudrait peut-être préserver la machine » et faire des pauses de régénération régulières.

Quels conseils donnerais-tu aux sportifs ?
« Il est important d’apprendre à se connaître au fur et à mesure qu’on progresse. Aller chercher ses limites oui mais sans négliger tout ce que cela demande à l’organisme. Ainsi on peut plus facilement identifier un signe d’alerte et lever le pied avant que la blessure n’arrive.
Ne pas aller trop vite quoi que l’on entreprenne et rester à l’écoute de ses sensations et de sa motivation pour que le sport reste un plaisir pour l’esprit, sans « démolir « le corps.
Il est bénéfique aussi de diversifier les sports d’endurance et de profiter d’autres activités l’hiver. Ça fait du bien au mental mais aussi au corps qui découvre un nouvel effort et peut se reposer de la saison qui vient de passer.
Et si on se blesse, alors il faut être raisonnable et savoir ralentir ou stopper si son corps dit « stop. »
Alors voilà, en conclusion le sport c’est avant tout une bonne connaissance de soi et une pratique raisonnée et équilibrée ! Alors on se calme… et on prend le temps de se découvrir !
Sportivement, Alexia