Abordons aujourd’hui le sujet des blessures chez le sportif… Que ceux qui ne se reconnaissent en rien dans ce récit lèvent la main! 🙂 

Quelle que soit la situation, à l’annonce du diagnostic médical il est rare que l’on se réjouisse de ce que l’on entend… Personnellement, pour avoir vécu plusieurs blessures ces dernières années, j’ai constaté une réaction réflexe incontrôlable qui me fait encore sourire aujourd’hui. En effet, au lieu d’accepter la situation et de tout faire pour aider mon corps à se remettre rapidement, me voilà systématiquement partie dans un combat acharné CONTRE ma blessure. Un savant mélange de déni, désespoir, sentiment d’injustice, incompréhension… qui nourrit systématiquement un entêtement certain menant à une convalescence plus longue ! Et en analysant mes réactions et celles de mon entourage j’ai pu constater que je n’étais pas la seule névrosée dans le domaine de la blessure sportive.

A l’annonce du diagnostic, on réagit…comme on peut !

Difficile pour le sportif de laisser ses baskets au placard plus de quelques jours sachant par avance que ce temps-là va nous paraitre très très très long… Alors quand le médecin vous demande de ne plus pratiquer pendant un temps donné votre passe-temps favori…

Solution 1 : S’effondrer !

Pour les plus émotifs, pleurer un bon coup à l’idée de devoir cesser toute activité sportive un certain temps est une alternative. Mais elle ne soulage pas vraiment… Elle ne fait qu’illustrer un potentiel épuisement physique et surement mental, épuisement qui vous fait craquer à l’annonce du diagnostic. Bien souvent votre médecin (et même un médecin du sport) sera surpris de voir qu’une nouvelle sans gravité apparente puisse vous bouleverser à ce point. Avec le recul peut être aurez-vous compris que vous donniez beaucoup (trop ?) d’importance à votre pratique sportive rendant votre investissement un brin déséquilibré.

Solution 2 : Tenter de raisonner son médecin

Doit y avoir une erreur… ! Vous insistez pour que le médecin vous prescrive encore un autre examen pour infirmer le diagnostic du jour espérant vous en tirer un peu mieux. Si en plus vous aviez déjà une idée des contours de votre blessure vous ne manquerez pas de dire à votre médecin que sur le net il est préconisé telle ou telle façon de faire, que le diagnostic doit être confirmé par tel examen et qu’en aucun cas un arrêt si long n’est recommandé. Bref, une mini confrontation s’offre à vous. 

Solution 3 : Envisager une négo avec le doc

Il est aussi possible de spécifier au médecin qu’il n’a rien compris à la situation, que vous êtes sportif et non pas sédentaire, et que votre organisme habitué à l’effort et aux contraintes va se remettre rapidement. En tout cas bien plus vite que la période d’arrêt prescrite. Autrement dit il serait peut être possible de réduire ce temps d’arrêt forcé… Hein doc ? Et si on diminuait par 2 ? Ou 3 ? Pourquoi pas plus d’ailleurs ?! Et si on continuait avec la douleur en fait ? Les plus aguerris à l’exercice iront jusqu’à négocier l’ordonnance d’anti-inflammatoires pour faire taire la douleur et persévérer à l’entrainement jusqu’à ce que complication s’en suive !

Solution 4 : Faire la sourde oreille

Le déni reste une autre possibilité. Convaincu que rien n’est fondé dans ce que l’on vient de vous dire vous rentrez chez vous en songeant aux examens complémentaires à réaliser ou à tous les contacts de votre répertoire qui pourraient potentiellement vous orienter vers LE spécialiste dans le domaine de votre blessure. Et vous voilà reparti de zéro pour une nouvelle tournée médicale.

Vous vous reconnaissez un peu dans une de ces réactions? Sachant que l’une n’empêche pas l’autre ! Il m’est arrivé de pleurer toutes les larmes de mon corps dans le cabinet du médecin, avant de lui demander 1001 compléments diagnostiques, puis de lui faire comprendre que même sans son accord j’allais diminuer le temps de mise au repos pour enfin recommencer une virée médicale vers un autre réseau de professionnels qui in fine m’aura apporté l’exact même conclusion que la première !

Refus du repos, quête de réponses

Bref, quoi qu’il en soit l’aventure ne fait que commencer ! Vous avez déjà tout ce qu’il vous faut en général. Un diagnostic, une confirmation par imagerie, parfois un traitement médical, une période d’arrêt, votre ordonnance pour des séances de kiné, un plan de reprise progressive pour plus tard et j’en passe. Comme vous avez été un brin curieux vous avez aussi questionné votre médecin pour comprendre votre blessure et sa guérison. Mais loin de vous rassurer… vous ressentez ce besoin irrépressible de mener votre propre enquête et de tirer vos propres conclusions !  Esprit de contradiction quand tu nous tiens !

Ne me faites pas croire qu’en rentrant de chez vous vous avez posé votre derrière dans un canapé, un verre de jus de fruit à la main et un magazine dans l’autre en vous disant qu’enfin vous alliez pouvoir prendre du temps pour vous et vous reposer comme votre corps vous le demande…

Dans un premier temps vous avez probablement rassemblé tous les termes techniques  et scientifiques qui ont imprimés votre mémoire lors de la consultation et lancé une recherche internet des plus fines avec mots clés, combinaisons gagnantes… En parallèle vous sollicitez tout votre entourage pour savoir qui a déjà eu ça et qui aurait des conseils, vous intervenez sur la toile en demandant à tous les groupes sportifs que vous trouvez qui souffre de la même chose, ou d’un truc similaire dans le cas où des raccourcis rassurants puissent être faits… Votre but ultime ? Trouver LE témoignage du sportif qui n’aura mis que quelques jours à guérir, ou trouver LE traitement miracle auquel votre médecin n’aurait pas pensé. 

Quelles que soient les infos recueillies à jouer le détective vous avez surement oublié de vous poser les bonnes questions et vous passez donc surement à côté des bonnes réponses…  « Pourquoi suis-je blessé ? », « Voilà trois fois que je me blesse à la même période de l’année. Est-ce le fruit du hasard ? », « Dois-je revoir ma façon de m’entraîner ? », « Mon équipement est-il adapté ? », « Suis-je si peu à l’écoute de mon corps que je n’arrive pas à sentir l’état de fatigue propice aux blessures ? », « Mon alimentation est-elle adaptée à ma pratique sportive ? », “Pourquoi cela fait des mois que ça ne guérit pas ?”…

Impossible d’être exhaustif sur ces questions mais vous avez compris l’esprit. Essayer de répondre à “Pourquoi suis-je blessé?” semble plus pertinent et constructif pour la suite que “Comment est ce que je peux reprendre au plus vite?”. Une blessure est l’occasion de prendre le temps de remettre en question un tas de paramètres sur sa pratique sportive, de prendre du recul, d’analyser la situation…  Ça devrait être un réflexe car quoi qu’il arrive si le corps manifeste une gêne, une douleur, une blessure… c’est que quelque chose ne lui convient pas. Sinon il vous laisserait gambader en paix ! Et  ce réflexe nous développons (quand la sagesse nous gagne, ce qui n’est pas toujours le cas) seulement après plusieurs blessures et bien souvent à demi-mesure.

Et si on se reposait ? Mais pas trop longtemps non plus !

Revenons à notre blessure et notre quête de réponse… Mais attendez… Le médecin ne vous a pas dit de vous reposer ?! Auriez-vous détournez la définition du mot “repos”? A bien y regarder le Larousse mentionne que le repos est le fait de se reposer ou de cesser son activité. Et dans la spécificité “sport” de la définition il est écrit: SYNONYME DE PAUSE. 

Et voilà! Le mot indigeste pour tout sportif… La pause… Celle qui réduit à néant tous vos efforts si bien menés jusque là et qui risque de vous faire passer à côté de vos prochains objectifs, celle la même qui vous prive de voir vos copains sur la piste ou de les suivre sur le prochain week-end sportif organisé par le club. L’angoisse alors ressentie vous fait occulter le sens réel du mot “repos”… Cette notion qui souligne d’une part le repos physique mais aussi le repos mental.

Pour le repos physique les dernières 24h passées sur votre canapé à jouer le détective vous permettent d’être convaincu que vous avez fourni à votre corps le repos nécessaire à une bonne récupération, et en plus vous sortez de vos gonds à chaque remarque du genre “tu en fais peut être un peu trop”. Vous qui n’étiez qu’à 15h de sport par semaine… Bien loin de certains de vos acolytes déjà à plus de 20h semaine. 

Et le repos psychologique vous y avez pensé? Probablement pas… Vous êtes en train de construire une matrice avec best case et worst case sur la perspective de reprise sportive, bien loin de laisser vos neurones au repos.

“Oh et puis si je nage un peu ça ne me fera pas de mal…”

Ce repos forcé vous parait être une perte de temps… Et puis zut ! Faut bien les tester ces dernières pompes au drop minimaliste qui devaient vous permettre de modifier votre foulée et de courir plus vite et sans blessure ! C’est sans compter ce nouveau casque aéro à tester en condition réelle. Et la combinaison de natation assortie au vernis. Ou encore le dernier cuissard ultra performant qui vous évitera d’avoir mal aux fesses après 180km de vélo… Faut bien les rouler ces km pour voir si la publicité est mensongère ou pas ! Et de toute façon il y a cette inscription au semi-marathon de la ville à la fin du mois…  Et ce n’est pas le repos qui vous sautera aux yeux comme activité première pour arriver au top de votre forme sur la ligne de départ. Vous n’avez parfois même pas songé à ne pas prendre ce départ.

Votre patience est rapidement attaquée, rongée, réduite à néant par cette pulsion sans fondement qui vous force à croire que vous devriez être ailleurs qu’au repos. Alors voilà que vous allez tenter de reprendre plus vite, à votre sauce, de façon aménagée ou pas, on teste sa douleur, on voit combien de km ça va tenir, on fait de la musculation ou de la natation à défaut de pouvoir faire autre chose… En résumé vous sollicitez votre blessure qui n’a pas le temps de se remettre convenablement, et votre corps se fatigue avant même d’avoir retrouvé un état de forme optimal pour affronter les contraintes que vous lui réservez pour la suite de votre saison sportive. Et fort probablement que vous répétez vos erreurs sans avoir tiré grande leçon de votre blessure.

Un acharnement contre la blessure qui certes vous instruit dans votre pêche aux infos et vous donnera fière allure quand vous témoignerez de votre expérience aux futurs blessés qui croiseront votre route… mais un acharnement qui vous fait surtout perdre du temps et de l’énergie, le corps ne bénéficiant pas des conditions optimales pour une convalescence rapide, efficace et durable.

La place du sport dans le quotidien du passionné

Nous sommes nombreux à avoir ce genre de schéma réflexe face à la blessure qui, bien que décrit sous un trait humoristique, relève de ce que je peux voir chaque fois qu’un proche se blesse. Une des raisons qui peut expliquer ce schéma de réponse à la blessure (au delà de notre bêtise ou entêtement certains 🙂 ) peut être un simple déséquilibre dans notre approche du sport. 

Imaginez un tabouret à 3 pieds… Chacun des pieds est un pilier de vie dont un serait celui du sport. Coupez-le et montrez-moi que vous tenez encore assis sur votre tabouret ! Nous sommes sportifs mais pas équilibristes ! C’est comme dans tout, si vous ne voulez pas que votre équilibre se casse la figure face à une blessure il faudra vous faire accompagner de votre meilleure amie Modération et de sa cousine Diversité ! Ajoutez à cela une pointe de Hauteur, et vous ne serez pas loin de la recette gagnante 🙂

L’idée de cet article n’est pas de comprendre les fréquents déséquilibres retrouvés chez l’athlète passionné sur-investi mais simplement de provoquer une prise de conscience  chez ceux qui  ont vite fait d’accorder une grande importance à leur pratique sportive et en oublient quelques règles de base.

A vos neurones !  Courir avec sa tête, avoir une bonne compréhension de la façon dont on pratique une activité sportive, une vision claire de la place qu’on accorde au sport, une prise de recul régulière pour orienter au mieux son investissement, un brin de sagesse en cas de pépin… sont des prérequis essentiels à une pratique sportive équilibrée.

Je vous laisse à vos réflexions sur ce large sujet de la gestion des blessures. Partagez vos expériences, elles seront toujours utiles aux autres et feront cas de jurisprudence. Mais pensez avant tout à une bonne prise en charge et au respect des directives médicales. J’oserais même vous dire de penser avant tout à l’équilibre de votre corps, cette merveilleuse machine qui vous portera d’autant plus loin que vous la respecterez.

Alexia