Ah cette fracture… Ou comment j’ai fait tout ce qu’on m’a dit de ne pas faire!

Petite rétrospective aujourd’hui sur ma fracture du coude estivale. Une fracture qui illustre clairement mon côté tête de mule quand on en vient à me parler de repos sportif en plein été !!! J’espère que ce récit contribuera à alimenter les témoignages du net de façon plus légère et surtout plus optimiste car croyez-moi, des scénarios catastrophes, j’en ai trouvé plus d’un!

Tout d’abord le contexte… Je venais de retrouver une belle région et débutais une super saison sportive. Chaque week-end était l’occasion de partir à vélo dans le Verdon au milieu des lavandes, d’aller grimper mon col préféré, le Mont Ventoux, ou encore de faire le tour de la Sainte Victoire. Et c’est en quittant les terres de la Sainte que la catastrophe se produisit… Enfin devrais-je dire « en voulant quitter les terres de la Sainte » car suite à une erreur de pilotage, j’ai allègrement basculé par-dessus mon vélo pour me réceptionner bras tendu au sol… Comme tout bon cycliste qui se respecte j’ai d’abord inspecté mon vélo, heureusement sans dégât apparent… Avant de rassurer mon partenaire du jour qui était arrivé chez lui en lui confirmant que j’allais pouvoir rentrer chez moi en l’état malgré un coude un peu douloureux et une perte d’extension marquée. Il ne s’agissait pour moi que d’une contusion. Loin d’imaginer le pire me voilà repartie à vélo pour les 15 derniers kilomètres du jour, et des semaines à venir !

Tout d’abord le déni…

Non, non et non ce n’est pas cassé ! OK, il y a un souci… Je ne peux plus bouger mon bras, impossible d’enlever ma brassière, j’ai mal, mais pas non plus au point de me dire que c’est cassé ! Mon kiné au téléphone se trouve être rassurant sur la base de ce que je lui décris. Et comme nous étions samedi je n’ai pas souhaité perdre ma journée aux urgences… J’opte donc pour un bain de glace pour soulager ce coude. Mais sans amélioration je fini par prendre la route direction le centre d’urgence médicale le plus proche. Des incertitudes à la radio alors on me prescrit un scanner pour lundi. Et c’est après un weekend douloureux que le diagnostic tombe : fracture franche de la tête radiale non déplacée à droite….

Réaction réflexe… Je m’effondre à l’idée de passer l’été le bras dans le plâtre. Le radiologue, pour qui il ne s’agissait pas d’une nouvelle catastrophique tente de me consoler… Le chirurgien ortho dans la foulée m’annonce 8 à 10 semaines minimum avant de songer à reprendre mes activités sportives… C’est à ce moment-là que je deviens inconsolable… ! Je repars en ayant refusé d’être plâtrée car la fracture n’était pas déplacée.

Puis la colère !

C’est tout de même injuste ! Je venais d’arriver dans la région avec une saison sportive plus que prometteuse et me voilà obligée de composer avec un bras non fonctionnel et douloureux. Je n’arrive même plus à prendre quoi que ce soit dans ma main, comme si en plus de la douleur la commande nerveuse ne répondait plus. Le chant des cigales ne m’aura pas permis de profiter calmement de mon canapé. Faisant face à ma toute première fracture j’ai préféré écumer TOUS les sites internet parlant de fracture du coude, répertorier tous les scénarios, les délais de reprises, les risques d’une reprise trop précoce, les différents types de prise en charge et j’en passe de détails qui m’ont permis de dresser MON plan d’action. Celui d’une accro au sport qui a décidé de ne pas se laisser faire par sa fracture.

Nous étions donc à J+3 et déjà j’avais retenu de mes lectures ce qui m’arrangeait : préférer une mobilisation rapide à une mise sous atèle pour éviter les pertes de mobilité, mobiliser le bras régulièrement pour éviter l’atrophie musculaire, faire de la physiothérapie pour stimuler les capacités de réparation tissulaire, faire du vélo sur le home trainer pour éviter les vibrations du squelette et une éventuelle chute… Bref, trop en colère pour accepter ma situation j’étais prête à en découdre avec ma fracture ! 

J’ai commencé la médecine par l’épreuve…

Il va de soi que j’ai rejeté « les preuves médicales » et tous les délais théoriques de convalescence pour m’attacher à la guérison par « l’épreuve médicale » en sollicitant immédiatement mon coude tellement il m’était impensable d’attendre 8 à 10 semaines avec en plus le risque d’une perte d’extension du bras… 

C’est à ce moment là que je fais la rencontre de mon nouveau kiné qui me suivra dans cette aventure. Il ne m’a toujours pas dit s’il m’avait pris pour une folle à débarquer chez lui quelques jours seulement après la fracture alors que l’ordonnance stipulait une rééducation à partir de 3 semaines… Mais il a joué le jeu et c’est ensemble que nous avons ajusté mon plan d’action (enfin mon plan de rééducation du coup !). Il m’autorisait des exercices et activités pour satisfaire à chaque RDV mon besoin de bouger un peu plus chaque jour.

En parallèle je n’ai pas souhaité arrêter mes activités sportives alors je me suis adaptée. Je suis allée rendre visite au Ventoux mais cette fois à pied, j’ai couru sur chemins vallonnés pour maintenir un rythme lent et éviter de chuter bêtement, j’ai fait du home trainer au soleil sur ma terrasse, je m’étirais le bras chaque jour et il ne se passait pas une minute sans que je tente de serrer ma balle en mousse.

Entre temps les révélations d’un spécialiste du membre supérieur…

Impatiente je décide de faire ma radio de contrôle auprès d’un médecin du sport spécialisé après 3 semaines. En effet je n’osais pas reprendre le vélo ni la course à pied car il m’avait été dit que les vibrations allaient empêcher le processus de cicatrisation osseuse. N’ayant pas encore trouvé de subterfuge pour contourner ce point j’espérais bien trouver un complément d’information chez ce médecin du sport.

Tout d’abord, la fracture était encore visible à la radio… ! Normal… Mais le médecin a eu un discours très amusant et surtout très rassurant :

Lui : « Vous avez mal ou ? »

Moi : «  Au bras »

Lui : « Vous courrez avec quoi ? »

Moi : « Mes jambes »

Lui : « Alors dites-moi ce qui vous empêche de courir ?! »

Sourire et soulagement… Ce médecin m’explique bien que les principes de précaution des médecins sont à modérer. Et que ce ne sont pas quelques vibrations qui viennent des pieds qui vont fragiliser un cal osseux qui se trouve au coude ! Mon esprit cartésien accepte cette remarque et c’est à compter de ce jour que j’ai reprises activités avec toutes les précautions nécessaires!

Rapidement la reprise

Pile 3 semaines après la fracture j’ai passé le week-end à Embrun et nous avons roulé sur le parcours du mythique Embruman… C’était ma reprise en douceur… 🙂 Et cerise sur le gâteau j’ai aussi nagé !

Là encore quelques adaptations étaient nécessaires. En vélo il me fallait bien anticiper le changement de vitesse car j’avais encore un peu mal et pas suffisamment de force pour appuyer sur les manettes. Et en natation je nageais le poing fermé pour ne pas prendre appui sur mon bras là encore douloureux.

Cette convalescence s’est achevée 6 semaines après ma fracture avec ma participation à un triathlon sur lequel je termine bien positionnée avec une natation catastrophique et très peu d’entrainement. Une belle satisfaction donc. Et la preuve de l’efficacité de la médecine par l’épreuve !

Les leçons de la médecine par l’épreuve… ?

Ecoutez vos médecins, une fracture reste une fracture et selon ses caractéristiques il vous faudra respecter quelques étapes clés. Mais ne noircissez pas le tableau non plus, ne paniquez pas face aux témoignages catastrophiques du net et faites-vous confiance en restant raisonnable. Soyez à l’écoute de votre corps et sachez identifier ce qu’il vous est possible de faire ou pas. Un bon kiné pourra vous accompagner dans ce travail.

N’oubliez pas que nous sommes sportifs avec un potentiel de récupération bien meilleur qu’une personne sédentaire. Or les médecins appliquent souvent des délais théoriques de convalescence adaptés à des non sportifs. Ils en oublient chez nous les frustrations engendrées par le repos sportif qui nous est imposé. Ils sous-estiment notre capacité à faire notre maximum pour reprendre au plus vite. Bref, par principe de précaution rares sont les médecins qui vous guideront vers une rééducation rapide, pourtant les protocoles de prise en charge vont de plus en plus dans ce sens (on évite de platrer, on poursuit une activité physique limitant l’usage de la zone blessée, on débute la rééducation très tôt… ).

La trousse à pharmacie de la fracture ?

En phase aigue, si vous avez du baume à la Grande Consoude sous le coude vous pourrez en utiliser. La grande Consoude est un ancien remède utilisé entre autres sur les fractures et les plaies pour aider à la régénération des tissus.

Profitez aussi de cette occasion pour faire un bilan biologique à la recherche d’éventuelles carences, notamment  en Vit D et Calcium. Si besoin d’une supplémentation privilégiez la micro nutrition pour une meilleure assimilation.

Ne négligez pas vos apports protéiques car toute agression et source d’inflammation pousse l’organisme vers un état d’hypercatabolisme (dégradation augmentée des protéines). Et la diminution d’activité physique limite les capacités de synthèse protéique. Il peut donc être intéressant d’augmenter un peu l’apport protéique.

Bien boire !!! Ce conseil est toujours valable même quand on est en pleine forme!

Le repos sera indispensable car même si vous êtes abimé à un petit endroit, c’est tout votre corps qui a été agressé et va œuvrer pour se réparer. Et pour ça il lui fait de l’énergie. Donc si vous ne lui laissez pas cette énergie la consolidation n’en sera que plus lente.

Alors voilà, pour ma part cette fracture du coude s’achève avec un bilan très positif et une consolidation rapide. J’ai privilégié la médecine par l’épreuve plutôt que la patience en atèle. J’ai pu récupérer très rapidement de cette fracture, sans perte d’extension ni douleur résiduelle. Et avec mes études en kiné en ce moment je me rends compte que j’ai finalement eu la bonne attitude car nous encourageons fortement nos patients sportifs et blessés à poursuivre des activités adaptées en parallèle d’une rééducation précoce.

Bonne consolidation aux fracturés !

Alexia