En 2017 Sébastien Granié, triathlète amateur, s’est donné un objectif de taille… celui de participer à l’ensemble des triathlons les plus corsés de France : Alpsman, Altriman, Embrunman, Evergreen, Bearman… Le tout en 3 mois et demi! Découvrons ensemble ce sportif doté d’une volonté à toute épreuve et d’une endurance remarquable.  

C’est en Avril 2016, à l’occasion d’un stage de triathlon en Espagne, que j’ai eu le plaisir de rencontrer Sébastien Granié. Triathlète passionné d’origine Séveragaise, il était encadrant vélo et nous accompagnait sur les hauteurs de Calella à la découverte de nouveaux terrains de jeu. Un physique imposant, tout en muscles et quelques tatouages contrastaient avec la quiétude de son caractère.  Toujours souriant, bavard et curieux, son accent chantant laissait présager de ses origines. Au fil des compétitions nous sommes restés en contact et c’est ainsi que j’ai pu suivre sa folle aventure 2017 alliant défi, plaisir et passion.

De quelle planète vient Seb ?

De toute évidence de la planète Sport ! Avec 6 Ironman courus sur la saison dont 5 faisant partie des plus durs de France, on pourrait penser que Sébastien pratique ce sport depuis son plus jeune âge. C’est pourtant tardivement qu’il devient triathlète. Il s’est d’abord consacré de longues années au rugby, un sport qui convenait bien à son évidente robustesse. C’est suite à une blessure ne lui permettant pas de revenir à son niveau initial qu’il s’est orienté vers de nouveaux horizons sportifs. Au cours de sa rééducation il a découvert le vélo, et au fil des rencontres a eu l’opportunité de se lancer dans le triathlon. Attiré depuis toujours par les sports enchainant plusieurs disciplines ça ne pouvait pas mieux tomber. C’est ainsi qu’en 2011 commence sa belle aventure avec pour premier objectif de saison l’Embrunman ! Ambitieux, surtout quand il vous raconte son tout premier triathlon sprint auquel il a tout juste survécu. Il sera finisher à Embrun, 216ème en 13h20… De bon augure pour la suite. Voilà 6 ans que Sébastien pratique le triathlon, principalement sur de longues distances car c’est là qu’il excelle. Licencié à Rodez Triathlon, il clôture cette année son 17ème Ironman.

Le défi des 5 fantastiques…

Un jour comme les autres, des amis triathlètes, une discussion animée, et… la naissance du projet ! Il n’en fallait pas plus à Sébastien pour se lancer dans cette aventure. Défier les Ironman les plus durs de France sur une même saison. Il appelle ce projet des plus fous le défi des 4 fantastiques incluant dans l’ordre L’Alpsman, l’Altriman, l’Embrunman et l’Evergreen. Entre temps est apparu le Bearman… Un nouveau triathlon extrême à ne pas rater. C’est ainsi que Sébastien se retrouve lancé sur les 5 fantastiques ! 

Les triathlons extrêmes se sont beaucoup développés ces dernières années. Il s’agit de distances Ironman sur lesquelles on retrouve en général une natation de 3,8km dans des euax plus ou moins froides, un parcours vélo escarpé pouvant atteindre 5000m de dénivelé positif, et un marathon aux allures de trail avec jusqu’à 2500m verticaux sur l’Evergreen !  Pour ces épreuves, une ligne de conduite unique : se dépasser, se surpasser, s’émerveiller. C’est ce que recherche Sébastien sur ce type de courses.

En le questionnant sur ses motivations je m’aperçois que c’est pour lui un défi personnel avant tout. « Il n’y a rien à gagner sur ces courses, si ce n’est le « simple » fait de les avoir terminées ». Sébastien souhaitait terminer chaque course, mais surtout les vivre pleinement, profiter de chaque minute de plaisir, et, cerise sur le gâteau… viser systématiquement un top 20 (et top 100 pour Embrunman) ! Un challenge dans le challenge !

3 mois et demi pour 5 Triathlons distance Ironman… Quelques faits marquants

En seulement 3 mois et demi Sébastien enchaine les courses. Des courses d’une difficulté importante entre lesquelles il n’a que peu de répit entre récupération et reprise de l’entrainement. C’est serein qu’il relève son défi en participant aux 5 triathlons XXL les plus difficiles de France avec en prime de beaux classements et surtout un plaisir immense à courir : Alpsman 8ème, Altriman 11ème, Embrunman 91ème, Evergreen DNF, Bearman 6ème.

Je vous laisse le soin de parcourir le compte-rendu des courses sur sa page Facebook. Pour ma part voici ce que je retiens de son expérience.

Tout d’abord les amis…, un ingrédient clé de cette saison réussie. Sur l’Alpsman, lorsqu’il sonne la cloche lui permettant d’accéder au Semnoz pour en finir avec le marathon, il est rejoint par  ses amis Vincent Guédès et Sylvain Rota. Voilà 3  triathlètes en route pour le sommet dans l’effort et la bonne humeur. Un soutien de taille que Sébastien ne manque pas de soulever.

Je retiens également ses coups de moins bien sur certaines courses. Fatigue, légère hypoglycémie, manque d’énergie n’ont pas fait le poids contre une bonne gestion de son alimentation et de son effort qui chaque fois lui ont permis de retrouver son dynamisme légendaire jusqu’à la ligne d’arrivée.

Pendant l’effort c’est surtout le plaisir qui motive Sébastien. A défaut de plaisir, ses ressources physiques et mentales sont plus difficiles à aller chercher. L’Evergreen illustre parfaitement ce point. Sur le parcours vélo les conditions météo se dégradent avec l’arrivée de la pluie et du vent qui au sommet des cols sont responsables de températures glaciales. Des conditions extrêmes, un plaisir de pédaler dans les montagnes qui s’amenuise et laisse place à une lutte constante contre les éléments et contre le froid. Sébastien en perd sa motivation au fil des kilomètres et sera contraint à l’abandon pour hypothermie.

Un périple solitaire à plusieurs !

Sur cette suite de courses il est lancé dans un effort solitaire certes mais non sans soutien. Au cours de son aventure Sébastien a pu compter sur son ami Vincent Guédès présent sur toutes les courses. Live, compte-rendu, photos, vidéos, encouragements… Une présence sans faille qui n’a pas manqué de motiver notre sportif de l’extrême heureux de partager son aventure. Sur Embruman, en l’absence de Vincent, il mentionnera la compagnie d’un petit rayon de soleil venu l’encourager sur la course mais n’en dira pas plus sur le sujet J. Famille et amis ne sont pas en reste. Chacun ayant apporté sa pierre à l’édifice avant, pendant ou après les courses. Grande reconnaissance également envers son coach, Jérémie Garry, qui l’a accompagné dans la préparation et l’accomplissement de cette saison.

Le secret de Sébastien ? Un potentiel, puis des acquis au fil du temps

Au départ il y a des spécificités propres à Sébastien. Côté caractère avant tout on ne peut rater son éternelle bonne humeur, son fort mental, sa constance dans ce qu’il entreprend. Des éléments clés dans la réussite de ce projet. Physiquement il est fait pour l’endurance et on ne passera pas à côté de son incroyable capacité de récupération !  Frais comme un gardon sur ses entrainements à 10 jours de chaque course, son coach lui dira un jour sur le ton de l’humour qu’il n’a pas assez forcé sur la course. 

Puis il y a l’expérience : « Les courses forgent ! »  affirment Sébastien. « Je retire toujours un apprentissage de chaque course, de mes erreurs, et de mes réussites aussi, que ce soit sur le plan sportif, nutritionnel, mental, l’adaptation face à l’inconnu… ». Nombreux sont les enseignements qu’il pourrait citer. Nous retiendrons la progressivité dans les changements que ce soit sur les charges d’entrainement, la nutrition, l’alimentation en course… L’anticipation également pour s’adapter rapidement et du mieux possible pendant la course en cas d’imprévu. Ou encore la connaissance de soi et la gestion de l’effort, indispensable sur des courses qui durent en moyenne 13h et où rien n’est joué tant que la ligne d’arrivée n’est pas passée.

Très fiers de ses réalisations il n’en reste pas moins humble et discret. Son conseil à qui voudrait se mesurer à un tel défi : « Tout est dans la tête, rien n’est impossible ». En d’autres termes, être convaincu et confiant, décider de ses propres limites, et foncer !

Personnellement, pour avoir passé quelques jours avec lui je peux vous dévoiler son principal secret…Une tablette de chocolat noir par jour ! Sans oublier le verre de rosé qui va bien, même les veilles de course ! Il n’y a aucune place pour la frustration dans sa quête du dépassement de soi et le plaisir reste le maître mot.

Des difficultés dans tout ça ?

Le plus incroyable c’est qu’à aucun moment Sébastien n’a perdu sa motivation et son envie d’aller au bout des objectifs fixés. De toute sa saison il ne mentionne que quelques adaptations d’entraînement lors de fatigue passagère. Pas de blessure, pas de problème de récupération pour enchaîner les courses, pas de remise en question du projet… Rien n’entrave sa volonté ! Le doute ne fait pas parti du jeu et la confiance va de pair avec la notion de plaisir. Malgré l’effort fourni, il vit ses courses comme des pauses de liberté et de contemplation. Son seul regret reste l’Evergreen. Une difficulté qu’il explique clairement par la perte de plaisir liée aux conditions climatiques très rudes. 

L’aventure ne s’arrête pas là en 2017…

C’est à peine si j’ose détailler la suite de ses exploits car la saison ne s’arrête pas aux 5 fantastiques ! Sébastien a participé à un 6ème Ironman cette année, celui de Cozumel en Novembre, pour tenter de décrocher sa qualification pour Hawai. Au soleil et sur terrain plat cette fois, on pourrait croire à une course de « récupération » ! Malgré une belle performance il manque sa qualification pour Hawaï.

Si côté triathlon j’ai fait le tour… permettez-moi de déborder sur une autre folie de notre athlète sans limite. Insatiable, entre deux Ironman,  notre Spartacus a participé à la Spartan Race du circuit Paul Ricard : 24km et 35 obstacles le matin (2ème de sa catégorie) puis 8km et 20 obstacles le soir (1er de sa catégorie). Une pause ludique associant force, adresse, concentration, souplesse et endurance lui permettant de décrocher sa place pour les championnats Européens à Morzine début juillet 2018.

Et il n’y a pas que le triathlon …

Sébastien ne consacre pas toute sa vie au triathlon, il me confie avec un brin d’humour être un tiers artisan, un tiers triathlète et un tiers gigolo. Je vous laisse le soin d’éclaircir cette dernière activité avec lui J. C’est un homme manuel et créatif dans son travail tout comme en cuisine ! Nous restons dans le thème sportif au travers d’une cuisine qu’il qualifie de polarisée : 80% sucrée et 20% salée! En regardant les photos de ses créations gourmandes vous constaterez le niveau d’exigence et le souci du détail dont il fait preuve. Tarte au citron meringuée et macarons sont autant de délices qu’il pourra préparer entre deux courses.

De nouveaux challenges en 2018

Comme il n’a pas écumé toutes les courses extrêmes Sébastien va continuer sur sa belle lancée. Guidée par le hasard des tirages au sort, sa saison 2018 se déroulera à minima entre l’Ecosse (Celtman), la Suisse (IM de Zurich) et la Suède (Swedman). Brin de sagesse… Il a refusé sa participation au Swissman trop proche de l’Ecosse! Désireux de découvrir encore et encore de nouveaux horizons en triathlon ça ne l’empêche pas de penser déjà à la suite et de mentionner quelques projets comme la Diagonale des fous et  autres ultra-trails qui lui permettront d’user encore et encore de son potentiel tout en profitant de merveilleux décors en pleine nature.

Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et si vous souhaitez en savoir plus vous trouverez le détail des courses ci-dessous.

DETAIL DES COURSES

Alpsman / 8ème

(Natation : 3,8km, Vélo : 180km / 4300m D+, Course à pied : 42km / 1300m D+)

Il va sans dire que le dénivelé à vélo et à pied est une des difficultés de cette course. Après avoir grimpé le Semnoz il ne reste pas moins de 4 cols à gravir, et en guise de dessert un dernier Semnoz à monter à pied cette fois et uniquement pour les participants ne dépassant pas la barrière horaire fixée. Pour cette première course de la saison Sébastien marque un coup de moins bien au début du vélo en haut du Semnoz. Sensation passagère, avec un regain d’énergie sur le reste du parcours vélo lui permettant de passer de 60ème à 17ème. Le voilà plus qu’en avance pour sonner la cloche accéder au Semnoz à pied (sur les 250 participants, seuls 70 ont pu sonner la cloche à temps). Accompagné de ses amis Vincent Guédès et Sylvain Rota, voilà 3 triathlètes qui dans la bonne humeur prennent la route vers le sommet du Semnoz. Un soutien qui donne des ailes… C’est une 8ème place que Sébastien décroche ce jour-là !

Altriman / 11ème

(Natation : 3,8km, Vélo : 200km / 5000m D+, Course à pied : 42km / 800m D+)

Sur cette course Sébastien retient la somptuosité du décor, les paysages sauvages et le dénivelé à vélo ! C’est à 160km, après 3500m de grimpette qu’arrive le col de Pailheres, long de 18km sur un dénivelé moyen de 8%… Il réalise un très bon vélo avec une petite hypoglycémie en haut du dernier col, puis une course à pied régulière. C’est une 11ème place pour cette seconde course !

Embrunman / 91ème

(Natation : 3,8km, Vélo : 188km / 5000m D+, Course à pied : 42km )

On ne décrit plus ce parcours ! Ce jour-là Sébastien se laisse prendre par un mauvais rythme en natation mais rattrape très vite son retard en réalisant encore un beau vélo. Régularité et gestion de l’effort sont de mise. Le marathon lui semble difficile mais il est porté par l’ambiance agréable et festive sur l’ensemble du parcours. En l’absence de son ami Vincent il mentionnera la compagnie d’un petit rayon de soleil venu l’encourager sur la course mais n’en dira pas plus sur le sujet 🙂 Il décroche une 91ème place.

Evergreen / DNF

(Natation : 4km, Vélo : 189km / 5180m D+, Course à pied : 42km/2586m D+ )

Jusque-là les conditions météo étaient bonnes. Sur l’Evergreen il en  est tout autrement. Le début de la course se passe bien, sorti 14ème de l’eau il enfourche son vélo, passe le premier col, puis les conditions se dégradent. Une météo plus que capricieuse avec l’arrivée de la pluie et du vent qui au sommet des cols sont responsables de températures glaciales. Le plaisir laisse place à une lutte contre les éléments et contre le froid. La motivation de Sébastien s’amenuise au fil des kilomètres et il est forcé à l’abandon par le médecin pour hypothermie. Ce jour-là il y a même de la neige contraignant l’organisation à remplacer le marathon par un 10km en fond de vallée. Le taux d’abandon est important. Un goût d’inachevé teinté de déception mais déjà la volonté de revenir pour une revanche qu’il espère ensoleillée.

Bearman / 6ème

(Natation : 3,8km, Vélo : 182km / 5000m D+, Course à pied : 42km/1800m D+)

La particularité de cette course est qu’elle se fait en autonomie complète ! Pas de ravitaillement. Avec un parcours constitué de plusieurs boucles les participants ont la possibilité de s’arrêter au parc à vélo à chaque passage pour accéder à leurs affaires à tout moment. Pour le reste, c’est une course d’orientation à la Pékin Express ! Les sources d’eau naturelles sont indiquées sur la parcours par des flèches bleues et il les participants peuvent également s’arrêter dans un commerce acheté/négocier à boire ou à manger. Un format original et une 6ème place pour cette 5ème course extrême.