Il y a quelques mois de cela je vous faisais part de ma découverte de l’escalade et du plaisir que je prenais à évoluer dans cette nouvelle discipline. Initiée en salle de bloc par un passionné, j’ai rapidement eu la chance de pouvoir découvrir les falaises ainsi qu’une grande voie, et plus récemment le bloc en nature à Fontainebleau. De quoi vous en dire un peu plus pour vous donner envie d’essayer !

Le bloc en salle vs. Wild :

En salle tout est fait pour que l’on s’amuse. La voie se laisse lire sans grande difficulté, les prises sont évidentes, colorées à souhait pour y définir le niveau sur lequel on souhaite se lancer, et plus ou moins faciles à attraper. Le sol est recouvert d’un épais tapis molletonné garant d’une réception de chute plutôt douce… Bref, c’est ludique et sans grand danger !

Mais en nature il en va tout autrement… Si à la simple vue d’un bloc de pierre les experts trépignent déjà d’impatience de se lancer dans la voie, mon regard non-initié ne me permettait aucunement de comprendre comment je pouvais grimper sur ces blocs. Ronds, lisses, sans prise, parfois sans trace de magnésie, plutôt haut quand on sait qu’en bas le sol n’est plus tapissé de matelas… En d’autres termes je n’avais plus du tout de repères et les conseils de mon partenaire de grimpe ont été des plus précieux.

Je dois dire qu’il faut déjà un certain niveau de pratique pour pouvoir se faire réellement plaisir sur du bloc en nature. Avoir de bons réflexes, savoir retrouver les bons équilibres, s’adapter au revêtement naturel, contrôler sa chute…  Par ailleurs un bon mental et un certain engagement seront également de mise pour s’attaquer aux blocs sans entretenir une peur inutile qui freine la progression plus qu’autre chose car quand on a peur, on n’y va pas ou alors dans la demi-mesure. 

J’ai pu profiter de certaines voies à mon niveau et sous l’œil aguerri de mon grimpeur préféré qui n’a pas manqué de conseils et d’encouragements. Etre en fôret donne un peu plus de sens à la grimpe. Ici c’est le grimpeur qui doit s’adapter à dame nature tout en profitant du soleil et du grand air. Je vous recommande d’essayer sans plus tarder !

Quelques tips pour le bloc en nature

En relisant le premier article sur l’escalade vous y retrouverez un tas de conseils pour votre pratique de la grimpe en salle. Ils sont toujours d’actualité en nature avec quelques notions supplémentaires qui vous permettront une pratique intelligente et sécurisée limitant le risque de blessure.

  • Positionner le crash pad : Le sol brut étant peu accueillant pour vos chutes, pensez bien à positionner le ou les crash-pads sous la voie que vous faites. Ils ne sont pas toujours faciles à placer étant donné le relief parfois tortueux mais restent indispensables pour amortir vos réceptions.
  • Apprendre à se réceptionner : Si le saut suivi d’une roulade arrière est super sympa en salle, en nature il est impossible. Savoir tomber et se réceptionner est clé pour éviter de se blesser. Regardez bien où se trouve le pad et où devront atterrir vos pieds si toutefois vous lâchez prise ou ripez de façon inattendue.
  • Etre paré par quelqu’un : Pour ralentir la chute ou vous guider vers le pad, rien de tel qu’un pareur pour vous accompagner en toute sécurité. Ça ne vaut pas une corde et un harnais mais c’est rassurant et ça permet de se concentrer sur la voie plus que sur une éventuelle chute.
  • Lire la voie : Puisqu’il est préférable de ne pas trop tomber bêtement en nature, il est conseillé de lire la voie avant de la commencer pour optimiser ses chances de grimper sans encombre. La lecture des voies est assez difficile pour un débutant car dame nature ne propose que peu d’indices pour guider l’escalade. Il parait que ça vient avec le temps et la pratique. Je vous en dirai des nouvelles dans quelques mois.
  • Faire des pauses régulièrement : Tout comme en salle les bras se fatiguent vite et il est inutile de s’acharner car vous allez passer la journée dehors au milieu des blocs et vous avez tout votre temps. Alors profitez des pauses pour boire un coup, vous inspirer des grimpeurs qui s’amusent tout autour de vous, les encourager, lire la voie qui vous attend, regarder dans votre topo les voies que vous aimeriez essayer, discuter avec les gens qui sont là… Cela vous permettra de profiter pleinement de votre journée sans vous vider les bras dès la 1ère heure.
  • Répéter une voie plusieurs fois : Grâce aux répétitions le corps mémorise les enchainements, les équilibres, les techniques… C’est ainsi qu’il pourra ensuite les reproduire plus naturellement et spontanément. Alors une fois un bloc en poche, avant de le quitter répétez-le plusieurs fois avant d’attaquer votre prochain projet.

Comment se fondre dans le décor à Fontainebleau ?

Communiquer avec les locaux à Fontainebleau… Tout un art !  Et oui, là encore ça ne s’invente pas. J’avais déjà fait un tour d’horizon des expressions marrantes du grimpeur lors du premier article. Et bien voici la suite de mes découvertes, car à Bleau il existe des codes pour se comprendre.

En arborant la forêt et ses multiples zones de grimpe vous croiserez un tas de grimpeurs à fière allure qui se baladent en tribus leur crash-pad sur le dos. A la recherche du spot idéal pour se poser ils font des sauts de puce de bloc en bloc. Les locaux quant à eux, encore appelés Bleausards, se baladent simplement avec un petit tapis pour s’essuyer les pieds et retirer le sable avant de grimper. Comme si la chute n’était pas une option.

Puisque l’on monte sans matos, pas de « prends-moi sec » ou « donne-moi du mou » qui résonne dans le coin. Par contre un coup de chaleur et chacun ira de son « Rha ça poisse ! » signifiant que la prise n’a plus beaucoup d’adhérence. Parfois ça colle aussi mais ça il parait que c’est plutôt en hiver que ça arrive alors il faudra que j’y retourne car j’aimerais bien coller un peu plus aux prises parfois…

Du côté des prises qui vous aideront à grimper le bloc… Amusez-vous à poser une définition claire sur chacune d’entre elles : platasse, bacasse, inverse, réglette, chiquette, crognotte, croûte, picot, tétons… Bien entendu n’oubliez pas votre brosse pour nettoyer toutes ces prises, surtout celles qui poissent, et en secours votre petite brosse à dent si vous n’avez que ça.

Pour les mouvements n’hésitez pas à placer certains termes pour vous fondre dans la population locale. Un pas d’adhérence, un talon, une pointe, voir une contre-pointe, un croisé, un jeté, un blocage, un mouvement dynamique ou statique… Sans oublier le fameux « réta bleau », ce rétablissement en haut du bloc tout rond et sans prise pour lequel on doit se débrouiller comme on peut… Et oui la voie ne se termine qu’une fois sur le bloc !

Pour terminer, si vous êtes forts en visualisation dans l’espace voir en géométrie, saisissez-vous du topo guide pour le traduire à vos amis ! Parce que moi en ouvrant le guide je l’ai refermé de suite comprenant que je ne pourrai rien tirer de toutes ces lignes jaunes, oranges, bleus, rouges… coloriées sur les images de blocs.

Vous l’aurez compris, devenir grimpeur est une chose, mais en plus il faut s’adapter aux us et coutumes en vigueur selon la pratique et la région. De quoi nourrir votre curiosité de tous les jours !

Pas de compétition à Bleau mais de belles rencontres

Ayant toujours baigné dans le sport portée par la compétition, je dois dire que cette appétence s’amenuise d’année en année pour laisser place à une toute autre pratique sportive orientée vers le plaisir et le partage. Et en escalade, non seulement la discipline revêt plein de sens pour ceux qui la pratique, mais en plus elle permet un tas de rencontres toutes aussi appréciables les unes que les autres. Du débutant au plus expert, tout le monde discute, échange des expériences, partage des conseils, soutient celui qui se lance dans la voie… Le tout dans la bonne humeur, la simplicité, la bienveillance, sans compétition ni comparaison et avec pour objectif principal celui de se faire plaisir avant tout. Un environnement très convivial propice à la progression de chacun à son propre rythme. Pas de stress donc… Il suffit juste de PROFITER de chaque instant.

La petite anecdote du weekend…

Je soupçonne mon binôme d’avoir caché un gros caillou sous le pad pour que je me blesse à la cheville le 1er jour… Ainsi il avait une très bonne excuse de me réceptionner à chaque reprise pour éviter que je sollicite à nouveau ma cheville endolorie… Chers messieurs, je vous laisse dessiner un bloc, votre partenaire en train de grimper dessus et vous en dessous pour la réceptionner au mieux… Je ne doute pas que vos mains sauront idéalement où se placer pour une réception de madame en douceur. Allez donc faire du bloc à deux ! Vous m’en direz des nouvelles 🙂

Sur ce, excellente journée !

Alexia