Lors du dernier article sur la bigorexie je mentionnais le déni de certains sportifs face aux fragilités évidentes d’un corps sur-sollicité ou face aux maux divers qu’il expérimente au travers de sa pratique sportive démesurée. Ce déni est fréquent chez le sportif blessé qui refuse que son corps lui impose une période de repos forcé. L’arrêt du sport qui structure et rythme le quotidien parait simplement inacceptable. Et le sportif qui court déjà après on ne sait quoi sans jamais trop se retourner, va courir encore plus vers ce je ne sais quoi pour échapper au plus vite à sa blessure.

Le sportif blessé, un être à part

Consciente de certaines dérives dont j’avais moi-même fait les frais, j’ai rédigé il y a quelques mois le portrait humoristique du sportif blessé pour mettre le doigt avec légèreté sur tout ce que l’on peut faire de travers quand on ne considère pas le problème de la bonne manière. Le sportif blessé va multiplier les RDV médicaux, demander un avis médical à tout le monde et surtout à ceux qui n’ont aucune connaissance dans le domaine en question, refuser d’écouter le médecin, continuer de faire du sport, envisager toutes les issues possibles sauf celle qu’on lui propose…

Dans cette caricature un brin autobiographique mais en même temps largement généralisable à la communauté sportive, j’oubliais un point de taille… Le sportif blessé se remet rarement en question et ne se demande pas pourquoi il en est arrivé là… Et non, il fuit encore et toujours et ne prend pas le temps de prendre du recul pour comprendre d’où viennent ses problèmes de santé et ce qu’il pourrait faire pour en réchapper de façon durable.

La clé du mental… Oui mais attention à utiliser la bonne clé !

Il est évident que le sportif a bien souvent un mental d’acier… Mais pourquoi alors n’a-t-il pas une santé de fer ?!

Le mental a des pouvoirs extraordinaires. Mais utilisons-le avec sagesse plutôt que maladresse. Apprenons à le dompter pour tirer profit de son incroyable potentiel. Il n’est pas là pour précipiter le corps vers des états de fatigue néfastes, mais plutôt là pour enrichir notre conviction de pouvoir atteindre tel ou tel objectif.

Si les sportifs professionnels s’en remettent à du coaching mental ou à des psychologues du sport c’est que le mode d’emploi du mental ne doit pas être si évident et qu’un éclairage est souvent utile pour réorienter le sportif afin qu’il puisse aller chercher ses limites tout en respectant sa santé physique, mais aussi psychique, émotionnelle et mentale.

Vous êtes chaque jour les témoins de la mauvaise utilisation du mental par le sportif. Combien de communications avez-vous parcouru récemment sur les réseaux sociaux et qui vantent le courage et la force des uns et des autres d’avoir réussi tel ou tel exploit malgré une blessure, une douleur, un problème de santé récurrent… ? Ne devraient-ils pas être chez eux à panser leurs blessures ? Ou devrais-je dire à PENSER leurs blessures !

Est-ce vraiment cela avoir du courage et être fort mentalement ? Pousser le corps à aller là où il vous dit plus ou moins fort qu’il n’a pas envie d’aller ?

Quand le mental entretient la fatigue et précipite la blessure

Le mental peut être utilisé contre soit même…

Mais ne culpabilisons pas l’athlète ! Après tout il n’y est pour rien… Il ne fait que suivre sa planification d’entrainements et intègre les grands principes de la physiologie du sport tels qu’on lui délivre (ou tels qu’il a bien envie de les entendre).

Bien souvent la programmation sportive, si elle ne prend pas en compte l’athlète dans son ensemble et si ce dernier ne prend pas le temps d’écouter son corps et d’apprendre à capter les signaux, peut mener à un épuisement et à ses conséquences (blessures, surentrainement, fatigue chronique, carences, baisse de performance…). Et comme il en veut notre sportif il va en redemander des efforts et de la fatigue ! Il va même courir après sa fatigue et l’entretenir car il a la conviction que c’est en suivant sa planification à la lettre qu’il va devenir plus performant, peu importe ce que cela peut lui coûter.

Qui plus est, avide d’informations, le sportif cherche à comprendre les bases de la physiologie du sport et parmi les grands concepts qu’il peut récolter on trouve celui de la progression par l’adaptation de l’organisme à l’effort. En effet c’est en sortant de sa zone de confort que le corps met en place des adaptations et devient plus performant pour un effort donné. Comment ne pas être alors convaincu de la nécessité de pousser le corps toujours plus loin si ce discours est pris au pied de la lettre ?

Mais ne serait-on pas plus efficace dans un corps reposé et en pleine forme plutôt que dans un corps épuisé et fragilisé ?  

Moi la première j’ai oublié de me poser cette question il y a quelques temps face à un déluge de blessures et soucis en tout genre allant de la fracture à un déficit immunitaire, en passant par une anémie ou encore des baisses de performances inexpliquées… J’ai largement insisté et trouvé tous les moyens possibles de rester indifférente à mes problèmes de santé…

Pourtant, avec un peu de recul, de cette simple question peuvent naître chez vous de nombreuses réflexions et une remise en question qui vous permettront d’identifier vos propres moyens pour avoir une santé de fer dans un corps respecté et disposé à l’effort (et donc à la performance).

  • Quel entrainement dois-je privilégier ? Du foncier, de l’intensité, est ce que je dois me pencher sur l’approche polarisée, diminuer le nombre ou la durée de mes séances, varier le type entrainement pour renforcer certaines parties du corps ou plutôt gagner en endurance ?…
  • Quelle alimentation est la plus adaptée à mes besoins? Si je suis trop restrictif je vais être affûté et plus léger mais en même temps est-ce le poids le principal ou mon état de santé? Si je maintiens une alimentation diversifiée et plaisante je limite le risque de carences, je préserve mon système immunitaire, je diminue les sources de restrictions, et donc de frustration et contraintes déjà nombreuses dans ma pratique sportive…
  • Mon mode de vie est-il adapté à mes besoins ? Autrement dit la pratique de mon/mes activités sportives respecte-t-elle mon équilibre social, familial, professionnel… ? Cet équilibre qui me permet d’être serein, reposé, organisé, de mieux gérer le stress quotidien… Ou au contraire est-ce que je m’impose plus de difficultés et de contraintes qui au fil du temps m’épuisent d’autant plus que j’en perds tout équilibre de vie ?

Bref… Reconsidérer son approche sportive peut être un travail fastidieux surtout quand nous n’avons pas pour habitude de prendre du recul… Le sportif aime foncer ! Alors il court et ne se retourne que rarement.

Peut-être qu’il faut déjà se demander quel est l’objectif premier : aller chercher la performance à force d’épuisement ? Ou écouter et respecter son corps pour performer ?

Ne taisez pas vos blessures ! Ecoutez-les !

Votre corps vous veut du bien. Si à un moment il lâche c’est qu’il a un message pour vous… A vous de savoir l’accueillir, l’accepter et le comprendre afin d’identifier les solutions à mettre en place pour ne plus faire face à la même difficulté.

Imageons la chose…

  • Vous marchez sur le pied d’un ami sans vous en rendre compte (vous lui faite mal sans le savoir comme quand vous sollicitez trop votre corps),
  • Cet ami a envie d’hurler de douleur et souhaite vous dire que vous êtes appuyé sur son pied (tout comme votre corps a envie de manifester sa souffrance ou sa fatigue),
  • Mais vous n’aimez pas les gens qui se plaignent alors vous bâillonnez cet ami pour qu’il ne se plaigne pas (ce que vous faites en étant indifférent aux signaux de votre corps),
  • Cet ami se taira mais ne manquera pas d’hurler à chaque fois que vous lui permettrez de parler et tant que vous lui écraserez le pied (ce que fera votre corps par des problèmes récidivants tant que vous n’aurez par considéré la raison de ses manifestations).
  • Et cela durera tant que la communication ne sera pas rétablit entre vous et votre ami qui au final veut juste vous dire « Attention tu me marches sur le pied, ça me fait mal, pourrais-tu cesser de m’écraser le pied ? ». Il en va de même pour votre corps qui manifestera son mécontentement tant qu’il ne sera pas considéré, écouté, compris et respecté.

Alors PENSEZ votre blessure et rétablissez la communication avec ce corps qui n’est autre que votre meilleur allié vers la performance alors que vous le voyez peut-être comme votre pire ennemi en période de blessure.

Reconsidérez la blessure en cadeau

La maladie (« le mal à dit ») serait donc un signe que notre corps nous envoie pour nous signaler un problème. Il cherche à attirer notre attention sur un point précis. C’est en intégrant le message que l’on pourra dissiper la tension et aller vers une guérison durable.

Il faut apprendre à accepter le diagnostic qui n’est autre que la réalité de la pathologie qui vous touche. Reconsidérez la blessure sous un nouvel angle en admettant qu’elle a forcément quelque chose de positif à vous apporter.

Pour cela il faut se responsabiliser et sortir du rôle de victime pour comprendre comment et pourquoi nous souffrons. Cette attitude permet de lâcher prise et d’aller de l’avant en identifiant des solutions. La première des solutions sera surement de vous redonner la place que vous méritez c’est-à-dire de vous occuper de vous en premier lieu. Vivre en accord avec soi-même et ses besoins est le plus efficace des traitements ! Le reste de vos réflexions vous apportera la suite logique des réponses qui vous guideront vers le mieux-être.

A vous de jouer !

Bien sportivement

Alexia