
Etre bien dans ses baskets ne passe pas forcément par une pratique sportive démesurée. Nous observons de plus en plus de sportifs hyper investis dans leur pratique à ne plus avoir de réelles limites si ce n’est celles que leur corps leur impose. Au bout de cette quête de performance il y a parfois une médaille…mais également son revers… Les dangers d’une pratique excessive sont de plus en plus étudiés et doivent être considérés même s’ils peuvent paraître abstraits au sportif optimiste qui se dit que ça n’arrive qu’aux autres.
Alors c’est parti ! Allons faire un tour du côté bigorexique de la pratique sportive !
Avant tout comprenez bien ce qu’est la bigorexie
Reconnue comme maladie par l’OMS il y a de ça quelques années voici la définition du centre d’études et de recherches en psychopathologie de Toulouse:
« Besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale. »
Elle concernerait 10 à 15% des pratiquants intensifs de sport amateurs ou professionnels.

Les « symptômes » sont les mêmes que pour une drogue : arrêt impossible, activité malgré la douleur, symptômes de sevrage, irritabilité, empiètement sur les autres sphères de la vie…
Et les conséquences peuvent être dramatiques. Il faut considérer d’une part les conséquences directes de cette pratique sportive inadaptée telles que les blessures à répétition, troubles du comportement alimentaires, carences nutritionnelles, perte de poids, dépression, compensation par d’autres pratiques addictives… Et d’autre part tous les risques à moyen et long terme liés à une pratique excessive de sport : cardiomyopathies, vieillissement prématuré, baisse de l’espérance de vie…
Le sport c’est bon pour la santé, mais attention à bien le doser !
« Mais non je n’en fais pas trop ! »

Ce qui est frappant c’est que bien souvent le bigorexique ne se rend pas compte de son surinvestissement sportif, ni de l’impact que cela peut avoir sur son quotidien et sur sa santé… Une sorte de déni porté par la conviction que de toute façon le sport est bénéfique bien plus que néfaste. Après tout si on peut prescrire du sport sur ordonnance dans le cadre de la prise en charge de certaines maladies, c’est que le sport n’est pas nocif… Quoi que… tout comme un médicament il y a une dose thérapeutique à ne pas dépasser ! Et ça on a tendance à l’oublier… Un surdosage peut donc précipiter une descente aux enfers quand les limites physiologiques (mais aussi psychologiques) ne sont plus respectées.
« Mon sport, ma drogue »

Tout comme l’addiction à une drogue, il faudra toujours plus de sport à un bigorexique pour satisfaire ses « pulsions ». Comme pour une drogue ou pour un médicament, le corps s’adapte, pour ne pas dire qu’il s’habitue. Il faut donc augmenter les doses pour un même effet. Le bigorexique est adepte du « toujours plus ». Et pour ça il a de quoi s’amuser puisque la mode est à « l’ultra » : ultra trail, ultra marathon, ultra triathlon… Toujours plus de kilomètres et de dénivelé à parcourir aux quatre coins de la France et à l’étranger. Un terrain de jeu idéal pour notre bigorexique jamais en manque d’idées pour aller se tester sur des défis chaque fois plus prenant.
Et le plaisir dans tout ça ?
L’investissement sportif n’a plus de limite, il devient excessif et mal encadré, et chez le bigorexique la notion de plaisir n’existe plus. A 5h du matin, avant de débuter sa journée, il va sauter dans ses baskets pour un footing de deux heures sans lequel il ne se sentirait pas bien le restant de la journée… Il ne va pas courir dans les montagnes pour admirer le paysage, ni pour partager un moment avec des amis, encore moins pour se faire un pique-nique gourmand. Il va juste courir pour courir… Et s’il est contraint au repos pour cause de blessure ou tout autre raison il risque de déprimer et ne pensera même pas à profiter de ce temps libre pour des occupations autres que sportives.
Mais pourquoi il court notre bigorexique ?

Passer du temps dans ses baskets n’est pas synonyme de “bien-être” dans ses baskets… Bien souvent la bigorexie est un signe de détresse, une fuite, ou un moyen d’extérioriser une souffrance… A la clé ? Une gratification immédiate liée aux endorphines… Mais comme nous venons de le voir, bien des inconvénients aussi… Il est donc important d’en revenir aux réelles motivations du sportif pour rééquilibrer sa pratique et ne pas tomber dans l’excès.
Mieux vaut prévenir que guérir !
Bref… S’il reste encore bien des choses à découvrir sur la bigorexie et sa prise en charge, une chose est sûre, la prévention reste le maître mot ! Comme pour tout il faut trouver son équilibre. Pour cela il est important de comprendre ce qu’est la bigorexie, d’avoir conscience des dérives possibles et de savoir identifier les signes d’alerte comme un sommeil perturbé, une fatigabilité anormale, des humeurs changeantes, un isolement… Voici quelques idées que vous pourrez compléter à souhait pour une pratique sportive plus saine et bénéfique au court, moyen et long terme.
Mieux comprendre ses motivations : si des souffrances ou difficultés se cachent derrière la pratique sportive, mieux vaut identifier leur source et trouver le moyen de les dissiper. La fuite n’a jamais résolu les problèmes…
Avoir une pratique sportive adaptée : la pratique sportive, surtout lorsque la charge d’entrainement augmente rapidement, doit être encadrée à minima sur le plan physique mais aussi nutritionnel ou encore psychologique.
Partager sa passion : une séance entre amis, un entrainement avec son conjoint, une balade récup avec ses enfants… Le partage évitera l’isolement auquel le sportif peut faire face lorsqu’il ne pense plus à se faire plaisir mais à faire du sport pour faire du sport.

Développer la notion de plaisir : le sport ne doit pas être une fuite, ni une contrainte, ni une punition, ni un exutoire… Mais bel et bien un moment de plaisir. En variant les activités, les terrains de jeu, les exercices… il est possible de stimuler la curiosité, de multiplier les découvertes et d’éviter la monotonie. De plus tout ce qui tourne autour du sport pourra compléter cette notion de plaisir : une alimentation saine et variée, participer à des regroupements sociaux entre sportifs pour échanger, prendre le temps de récupérer et de s’occuper de soi…
A vous de composer votre menu sportif sain et équilibré pour être bien dans vos baskets !

Alexia